La boule de Noël et son sapin

This is a short story that I wrote last year at a creative writing workshop : we had to think of a love story between two unusual characters and I picked up a Christmas tree and a Christmas tree's ornament.

La boule de Noël et son sapin

Toi, je t'aimais.

Dès que je t'ai vu, resplendissant au milieu du salon, j'ai su que je t'étais destinée. Comment résister à ton charme ? Tu étais si majestueux.

Nu, encore, mais j'allais t'habiller. Je mourrais pour m'accrocher à toi, pour avoir seulement une chance de te mettre encore en valeur. Moi, rangée avec mes sœurs dans notre petite boîte en carton, voilà ce que j'ai pensé.

Lorsque ce rêve est devenu réalité, j'ai cru atteindre un paradis. J'étais là. Pas seule, bien sûr, mais j'étais là et je faisais office de parure. Qu'étais-je pour toi ? M'as-tu seulement remarquée ?

J'ai aimé chaque instant passé à tes côtés. Perdue dans les hauteurs de tes branches, blottie contre ton tronc.

Comme la vie me paraissait douce après un été morne au fond du grenier. Je sentais encore la sève circuler dans tes veines. Je te sentais vivant, protecteur, rassurant. Te souviens-tu de notre plaisir lorsque les paquets colorés ont été posés à ton pied. On respirait joie et félicité. On entendait les cris des enfants enthousiastes et on humait la bonne odeur des tartes et des gâteaux.

J'aurais tant voulu rester là, avec toi, pour l'éternité. Comment aurais-je pu imaginer fin plus cruelle que de te voir dépérir ainsi, mourir à petit feu.

Oublierai-je un jour cette première épine qui dégringola chaque étage de ton imposante carcasse ? Avec elle, tu as perdu ton âme, ta majesté.

Soudain, tout paraissait plus fade. Les rires sonnaient faux, les cadeaux disparaissaient, mes sœurs me narguaient où que je pose les yeux.

Je ne pouvais pas accepter une telle perte. Je ne pouvais pas y résister. Je voulais garder à jamais le souvenir de ta splendeur et de ta gloire passées.

Plus tes branches se dénudaient, plus mon coeur se serrait. Chacune de mes belles illusions s'envolaient avec toi, et je ne supportais pas l'idée même de te survivre et de parer un jour une autre branche que la tienne.

Finalement, tu t'es glacé, raidi. Ton âme s'était éclipsée. Je ne sentais plus contre moi qu'un cadavre, une ruine magnifique mais une ruine malgré tout.

J'étouffais de douleur. Bientôt, j'allais devoir te quitter pour de bon. Me séparer de tes bras devenus froids.

Il ne restait qu'une chose à faire, mon amour, et je l'ai faite. Je suis tombée. J'ai dévalé moi aussi ta hauteur et au moment de me fracasser au sol, je t'ai lancé un dernier regard.

Je n'avais aucun regret.