Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Foundation year 2016-2017

Bonjour! Je m'appelle Juliette Vandermosten et je fais ce qui s'appelle une 'Foundation year in Art and Design' à Canterbury. A l'origine, j'avais créé ce blog pour faire office de portfolio au moment de m'inscrire, désormais je posterai ici des photos de mes projets.

Je m'appelle Ixchel

Publié le 14 Décembre 2015 par Juliette Vandermosten in Creative Writing

This is a novel I wrote two years ago for my French lesson : we had to create the story by ourselves and write the beginning and the end of it.

The part in italics is a summary of the novel's action.

Je m'appelle Ixchel
Je m’appelle Rachel

 

Ixchel


 

Le 20 décembre, c’était le premier jour de mon voyage de fin d’étude. C’était aussi mon premier jour en Amérique ! Bon, ce n’était pas New York ou Los Angeles, mais même notre minable hôtel au fin fond du Guatemala ne parvenait pas à calmer mon excitation.

 

En Angleterre, personne ne comprenait pourquoi j’étais si heureuse à l’idée de visiter cette région. C’est parce qu’aucun d’eux n’a assisté au cours de Mr. Smith. Il est passionné par les séismes et les volcans. Tant mieux, moi aussi, et ce pays en est rempli ! Mr Smith était l’un de mes professeurs à l’université d’Oxford et c’est lui qui nous accompagnait durant ce voyage.

 

Il avait décidé de nous emmener dans ce coin méconnu du Guatemala car il était réputé pour sa forte activité sismique. Il semblait donc normal d’y emmener les quelques élèves du cours de sismologie.

 

La journée avait plutôt bien commencé. Le petit-déjeuner n'était pas mauvais, et les autres élèves me laissaient en paix. Je n’étais pas particulièrement proche d’eux. Simplement, je ne les connaissais pas et je n’avais aucune envie de les connaître.

 

Ils semblaient l’avoir compris et ne faisaient rien pour m’approcher. Je savais bien qu’ils ne m’aimaient pas tellement. Je les avais déjà entendus parler sur mon dos. Non, je suis juste passionnée.

 

Juste après ce repas, nous sommes partis en expédition dans la réserve écologique de « Laguna del Tigre ». J’avais pris pour tout bagage un petit sac à dos, tout juste assez grand pour contenir ma gourde, quelques pansements et, bien qu’il me serait sans doute inutile, mon téléphone portable. J’étais bien obligée car j’avais oublié ma montre en Europe.

 

Nous avons fait quelques kilomètres en voiture sur un chemin de terre cahoteux. J’aimais l’ambiance de cette route. Je me sentais l’âme d’une aventurière et la jungle impénétrable attirait terriblement ma curiosité. Pourtant, lorsque les voitures s’arrêtèrent, je sentis une pointe d’angoisse à l’idée de s’enfoncer dans cette forêt. J’adorais imaginer des aventures, mais je ne me sentais pas capable de les vivre.

 

Il y avait un peu plus loin dans cette réserve une cénote, c’est-à-dire un puits d’eau douce causé par un effondrement. Celui-ci s’était formé à la suite d’un tremblement de terre et un sentier permettait d’y accéder.

 

En fait, je ne sais pas si on pouvait qualifier cela de sentier. C’était plutôt une brèche entre les arbres. Et quels arbres ! Je n’en avait jamais vu d’aussi haut. C’était une véritable jungle. Leurs troncs visqueux étaient envahis par toutes sortes de lianes et de fleurs, et le sol était recouvert d’une mousse épaisse. Sur quelques mètres seulement, il poussait une quantité incroyable de plantes toutes plus étranges les unes que les autres.

 

Je découvris bientôt que la forêt n’était pas seulement belle en apparence. Elle grouillait de vie. Singes, insectes et volatiles de toutes sortes se bousculaient dans les branches, produisant ainsi un bourdonnement incessant.

 

Nous nous sommes peu à peu enfoncés sous cette voûte verdoyante. Elle était si épaisse que la lumière peinait à parvenir jusqu’à nous. Nous étions donc plongés dans une semi-obscurité inhabituelle à cette heure.

 

Au bout d’une heure environ, un chatoiement de couleurs dans les branches basses attira mon attention. C’était un petit oiseau très coloré. Malheureusement, j’eu à peine tourné la tête qu’il se déroba dans l’obscurité de la forêt. Je scrutai les sous-bois quelques instants mais, ne le voyant plus, je me remis en route.

 

Malgré toute ma volonté, je ne parvenais pas à m’intéresser au discours monotone du guide. Je me replongeai donc dans l’observation du feuillage qui nous entourait de toute part. Inexplicablement, les autres élèves semblaient trouver le blabla du guide intéressant. Ils s’empressèrent donc de passer devant moi pour se rapprocher de lui et je me retrouvai très vite à l’arrière du groupe.

 

C’est ce moment que choisi l’oiseau pour réapparaître. J’eu alors l’occasion de l’observer d’un peu plus près. Tout en lui me fascinait. Il était aussi gros qu’un ballon de rugby et les longues plumes bleues de sa queue le rendaient plus imposant encore. Son ventre était pareil à celui de nos rouges-gorges européens et son dos paraissait tantôt vert, tantôt bleu. Il bougeait par petits gestes saccadés et son regard vif me détaillait curieusement. Il étendit ses ailes et je l’admirai béatement lorsqu’il prit son envol et s’éloigna un peu de moi.

 

J’avançai d’un pas pour le suivre mais il prit peur et recula. Doucement, je tentai à nouveau de l’approcher. Toutefois, malgré toutes mes précautions, il s’écartait encore et encore et moi j’avançais inexorablement.

 

Lorsqu’il se lassa finalement de ce petit jeu et qu’il s’envola hors de ma vue, je revins brusquement à la réalité. Je m’étais tant avancée dans la forêt que je ne voyais plus le sentier. J’étais si loin que je n’entendais même plus le reste du groupe. Je tentai maladroitement de rebrousser chemin mais tous les arbres se ressemblaient et je ne sus vite plus d’où je venais ou où j’allais.

 

J’errai ainsi quelques temps, appelant à l’aide, cherchant désespérément un signe qui me ramènerait sur le chemin. Alors que je commençais à perdre espoir, j’aperçus un peu plus loin une silhouette humaine. J’accourus vers elle en hurlant de plus belle. Lorsque j’arrivai à sa hauteur, je ne découvris qu’un arbre rabougri à la place du sauveur que j’attendais.

 

Épuisée par ma course folle, l’angoisse me prenant à la gorge, je ne parvins pas à retenir mes larmes. Elles jaillissaient sans retenue, coulaient sur mes joues, répandaient leur affreux goût de sel sur ma langue. Je me sentais si seule, et si bête d’avoir quitté la merveilleuse sécurité qu’offrait le groupe pour un malheureux oiseau.

 

La forêt, que j’avais trouvée si belle, m’apparut sous un jour nouveau. Au lieu de m’émerveiller, elle paraissait dorénavant hostile, inhospitalière. Je craignais de me faire piquer par quelque insecte porteur de maladie, et que l’obscurité des sous-bois ne grouille d’animaux sauvages qui ne manqueraient pas de m’attaquer.

 

Je m’assis contre un arbre et ramenai mes jambes contre ma poitrine, sanglotant toujours. Lorsque j’eus enfin retrouvé mon calme, je réfléchi plus sérieusement à ma situation. J’avais peur, j’avais faim, ma gourde était presque vide et je n’avais aucun moyen de prendre contact avec Mr Smith ou l’un des autres élèves.

 

Toutefois, une idée me traversa l’esprit et j’eus envie de me frapper tant j’avais été idiote de ne pas y penser plus tôt. Je sortis fébrilement mon portable de la poche de ma veste et l’allumai aussi vite. Je fus pourtant déçue. Il n’y avait pas de réseau ! Évidemment, pourquoi y en aurait-t-il au beau milieu d’une forêt comme celle-là ?

 

Je sentis mes yeux s’embuer, mais cette fois aucune larme ne glissa. Prenant mon courage à deux mains, je me relevai et continuai mes recherches. Je refusais de m’avouer vaincue.

 

Chaque mètre parcouru me rapprochait peut-être de la civilisation. Je marchais toujours dans la même direction. De cette façon, je finirais bien par quitter cet océan de verdure.

 

Je me répétais cela à chaque pas mais, lorsque la nuit tomba, j’étais toujours entourée des mêmes arbres et des mêmes plantes. J’avais la pesante impression de tourner en rond.

 

Il faisait soudain très noir, je n’avançais plus qu’à tâtons. Je tentai maladroitement de grimper sur une branche mais les plus basses étaient trop faibles pour supporter mon poids. Comme je ne parvenais pas à atteindre les plus grosses, je me pelotonnai sur le sol et, la peur au ventre, tentai de m’endormir. Bien que je pensais ne pas y parvenir, je tombai vite dans un profond sommeil.

C’est ainsi que je passai ma première nuit dans la forêt.

 

Je fus réveillée avant l’aube par des coups sourds, lointains, répétitifs. Comme si on battait lentement des tambours. Je me relevai prudemment, les muscles complètement ankylosés, et décidai de me diriger vers l’origine de ce bruit. 

 

Plus j’avançais, plus le rythme s’accélérait et je fus bientôt convaincue que je rencontrerais un peu plus loin des hommes. Qui ? Je n’en savais rien, mais j’étais bien décidée à les rejoindre. Je calquai inconsciemment mon rythme sur celui des tambours. Ainsi, lorsque ceux-ci atteignirent leur apogée, je fis irruption dans une immense clairière.

 

C’était déjà incroyable en soi car les clairières sont extrêmement rares dans ce genre de jungles. Le spectacle qui s’offrit alors à moi coupa brusquement mon élan.

 

Je restai un long moment sans voix, observant ce qui ressemblait à un rite religieux. Une foule d’indigènes était rassemblée autour d’un grand homme qui portait un grand chapeau à plumes. Je les reconnus immédiatement. C’était les longues plumes de l’oiseau que j’avais vu la veille. Il semblait fort maquillé mais, dans la pénombre, je ne le voyais pas distinctement. C’était un prêtre, peut-être un sorcier.

 

Tous ces aborigènes avaient la peau cuivrée. Ils portaient pour seul vêtement un pagne noué autour de la taille, court pour certains, long pour d’autres. Ils étaient donc torses nus, autant les hommes que les femmes.

 

Quelques-uns, les plus importants sans doute, portaient des bijoux, des capes ou même des sandales rudimentaires.

 

Malgré la fraîcheur matinale, cette troupe étrange semblait fiévreuse, comme plongée dans une transe. Ils transpiraient abondamment et se trémoussaient tous au rythme des tambours que j’apercevais sur les côtés. Tant et si bien qu’ils ne m’avaient même pas remarquée.

 

Ils se mirent soudain à hurler : le soleil venait d’apparaître par-dessus la cime des plus hauts arbres. Les tambours, qui n’avaient pas cessés de résonner, retentirent plus fort encore. Tous les regards étaient tournés vers l’homme au chapeau.

 

Je distinguai derrière lui une pyramide, haute d’une dizaine de mètres. Un temple, sûrement. Il était envahi par les plantes. L’homme était debout sur la première dalle de pierre. Il tendit la main vers un homme et celui-ci y déposa un long couteau. Sa lame recourbée lui donnait la forme typique des serres de rapaces.

 

Le sorcier leva sa lame bien haute, le regard perdu dans le ciel. La foule retint son souffle, les tambours se turent. Tous les indigènes se baissèrent, comme si ils se prosternaient devant un dieu, dévoilant ainsi le véritable objet de toute cette cérémonie.

 

Couché sur un autel, nu, entravé, se trouvait un homme. Je l’observai avec horreur. Le temps était comme suspendu. Je ne parvenais même pas à crier.

 

L’homme était très différent des indigènes qui l’entouraient. Il avait une peau bien plus blanche, les traits bien plus tirés. Il avait une petite barbe rêche et ses cheveux en bataille lui tombaient jusqu’aux épaules. J’étais persuadée qu’il était, comme moi, européen. Peut-être même anglais ?

 

Le sorcier posa un regard froid sur lui. Je sortis brusquement de ma stupeur. J’avais enfin compris ce qu’il se passait. J’allais, moi, être témoin d’un meurtre, un sacrifice humain.

 

J’eu le violent sentiment qu’il me fallait fuir. J’étais incapable de supporter plus longtemps ce spectacle macabre, mais je ne parvenais pas à en détacher mon attention.

 

Je reculai maladroitement d’un pas et vis la lame, dangereuse, s’approcher de plus en plus rapidement de l’autel.

 

Alors, le cri bloqué dans ma gorge retentit enfin. Je hurlai une longue fois. Ma voix s’éleva, rauque de soif, forte de peur. Je hurlai jusqu’à n’en plus pouvoir, comme prise de folie. Mes nerfs lâchaient la pression accumulée depuis la veille.

 

Tous les indigènes, surpris, se tournèrent vers l’endroit où je me tenais. Je vis aussi, avec un mince soulagement, que la lame s’était arrêtée net dans sa course. Même l’homme blanc, qui était jusque là resté inerte, tourna douloureusement sa tête vers moi.

 

Mon cri cessa lentement de résonner et je reculai encore, tentant de me soustraire à leurs regards. Je n’y parvins pourtant pas car je me cognai au bout de quelques mètres contre un arbre. Son tronc était assez fin et toutes les branches se mirent à trembler. Il en tomba une quantité incroyable de feuilles et, surtout, un serpent.

 

C’était un petit serpent. Tout vert, tout remuant, et il atterrit directement sur ma tête. Je poussai un petit cri et je me mis à gesticuler furieusement. Cette fois, s’en était trop. Je pris mon courage à deux mains, attrapa le reptile par la queue et le jetai devant moi.

 

Enfin, je pris de longues inspirations pour me calmer, tournai le dos à la clairière, m‘assit et fermai les yeux. Je tentai de me persuader que tout cela n’était qu’un rêve. J’allais me réveiller dans ma chambre d’hôtel et oublier ce voyage farfelu dans la jungle.

 

Malgré toute ma volonté, mes efforts furent vains. Je fus arrachée à cette rêverie par un bruit étouffé. C’était la lame qui venait de s’abattre, sur l’autel sans doute.

 

Une idée horrible s’infiltra dans mon esprit. J’étais là, un homme venait sûrement de se faire tuer et moi je n’avais rien fait pour l’empêcher. J’entendis la lame frapper encore, et puis recommencer plusieurs fois.

 

Je me mis à pleurer. J’étais une incapable. Une misérable petite anglaise naïve et j’allais sans doute mourir moi aussi.

 

Je restai prostrée durant quelques interminables minutes. J’avais pris la résolution de rester là autant de temps qu’il faudrait. Jusqu’à mourir sur place, s’il le fallait. Malgré tout, je n’en eu pas l’occasion. Une main m’attrapa doucement par l’épaule et j’ouvris lentement les yeux.

 

Je n’en revenais pas. L’homme blanc se tenait devant moi, bien vivant. Il avait revêtu un pagne et s’était accroupi pour se mettre à ma hauteur. Il me montra sa main et ce que j’y vis me soulagea.

 

Le serpent vert y pendait, sans vie, sans tête en fait. Il m’expliqua calmement que, lorsque je l’avais lancé, il avait atterri aux pieds du sorcier. Celui-ci avait donc tranché la tête du serpent. Les autres coups avaient servis à libérer l’européen de ses liens.

 

D’abord stupéfaite de ce revirement de situation, je me rendis soudain compte que l’homme m’avait parlé en anglais. J’étais si heureuse que je l’aurais embrassé !

 

Il m’aida à me relever et je me retournai vers les indigènes. Ils étaient à nouveau agenouillés mais, cette fois, ils se tournaient vers moi. Certains fermaient les yeux, d’autres semblaient prier et j’en aperçus même qui tremblaient violemment. Je dus me rendre à l’évidence : ils avaient peur de moi.

 

Le sorcier se releva et regarda dans ma direction. Il dit quelque chose à voix haute mais je n’en compris pas un mot.

-Il demande qui tu es, me traduis l’homme blanc.

-Oh, moi... Je m’appelle Rachel, dis-je d’une voix que j’espérais forte.

 

À ces mots, il y eut une vive agitation parmi la foule. Je sorcier dit encore quelques mots d’une voix grave. Ce fut comme un signal. Tous se levèrent et l’anglais me poussa vers l’avant.

 

-Je crois que tu viens de me sauver la vie, alors tu a bien le droit de manger un peu.

 

Il m’emmena vers quelques cahutes construites à une centaine de mètres du temple. Une fois entrés dans l’une d’elle, il me fit asseoir sur une paillasse posée à même le sol. Ensuite, il prit un panier de fruit et un bol d’eau. Nous pûmes manger à notre faim et boire jusqu’à plus soif. Je risquais peut-être d’attraper une maladie mortelle, mais cela m’importait peu.

 

A la fin du repas, je m’allongeai et m’endormis presque aussitôt. Lorsque je me réveillai, quelques heurs plus tard, je fus surprise de découvrir l’anglais assoupi à côté de moi.

 

Je tentai de m’éclipser mais il s’éveilla et se leva aussi vite. Il me parla directement d’une voix douce :

 

- Salut. Moi c’est Gabriel. Pa’ Chan, le sorcier, m’a demandé tout à l’heure de rester auprès de toi. Tu dois avoir beaucoup de questions alors, vas-y, pose-les moi.

 

Je soupirai. Je ne savais pas par où commencer. En fait, je n’avais aucune idée de questions à poser. Je ne savais rien de cet endroit et de ce qu’il se passait. J’avais même du mal à croire que toute cette histoire était vraie.

 

-Eh bien... D’abord, qui sont ces gens ? Commençai-je, hésitante. Et puis, qui es-tu ? Pourquoi voulaient-ils te... te... te tuer, continuai-je. Pourquoi avaient-ils peur de moi ? Quel est cet endroit ? Que...

 

Je me tus, ne sachant plus quoi ajouter. L’anglais réfléchit quelques instants avant de me répondre d’un ton prudent.

 

-Tu es ici dans la dernière tribu maya du Guatemala. Ils étaient déjà très peu dans ce pays il y a mille ans et aujourd’hui, il n’en reste qu’une, celle-ci. Les autres ont été exterminées, ou alors elles se sont adaptées à la vie moderne.

 

Il marqua une pose, pour me laisser le temps de digérer tout cela.

 

- Je n’ai jamais compris pourquoi ils s’obstinent à vivre ici, reprit-il. Leur vie serait tellement plus facile s’ils pouvaient bénéficier du confort moderne. Viens, je vais te montrer comment ils travaillent.

 

Il me tendit alors la main pour m’aider à me relever et m’emmena voir les mayas qui étaient occupés un peu plus loin. Une trentaine d’hommes s’affairaient dans un champ. Ils tenaient chacun un long bâton en bois et ils tapaient contre le sol. Ce travail semblait harassant. Leur dos courbé de fatigue et leurs mains tannées par l’effort et le soleil en témoignaient. Sur notre gauche, un groupe de femmes surveillait un petit feu.

 

L’anglais m’expliqua la technique que voici : d’abord, les hommes creusaient des centaines de petits trous dans la terre meuble. Ensuite, ils laissaient les femmes allumer un grand feu pour produire beaucoup de cendres. Les hommes qui travaillaient maintenant devaient remplir une petite bourse en peau avec des cendres. Ils en enduisaient le bout du bâton. La cendre est un engrais efficace, en tout cas pour le maïs. Les mayas le cultivaient beaucoup. Cela a même donné leur nom : « maya » signifie « homme de maïs ». Quoi qu’il en soit, les hommes mettaient quelques graines dans les trous et les enfonçaient à l’aide du bâton enduit de cendre. 

 

- Les femmes quant à elles n'oont pas le droit de manier le bâton, expliqua-t-il. Oh, je vais te présenter à Charles, il travaille ici aujourd’hui. (...)


 

Les mayas prennent Rachel pour la déesse Ixchel, envoyée sur terre par le serpent à plume, Kukulkan. En effet, les mayas prédisaient que le serpent à plumes reviendrait sur terre après la fin du monde et Rachel débarque chez eux le 21 décembre 2012. Rachel vit plusieurs mois parmi les mayas et elle rencontre Charles, le fils que Gabriel a eu avec une femme Maya. Ils vont tomber amoureux et Charles ne veut plus quitter Rachel, même si cela signifie quitter sa tribu.


 

(...)

Les chercheurs nous ont invités à monter dans leur hélicoptère. Bien que j’aie passé les mois précédents à espérer ce retour à la civilisation, je ne pouvais m’empêcher d’être triste. J’avais du mal à quitter tous mes compagnons. J’avais tant appris à leur côté !

 

Bien sûr, Charles rentrait avec moi, mais il ne connaissait rien à la vie moderne et je devrais sans doute tout lui apprendre. Je ne savais pas ce que je voulais faire ni où je voulais aller. Non, je ne voulais pas retourner voir ma mère ! Je n’aurais rien à lui dire. Reprendre des cours à Oxford ? Peut-être... les volcans et les plaques tectoniques ne m’intéressaient plus tellement. Et puis, je ne pouvais pas emmener Charles avec moi.

 

Je fus interrompue dans mes réflexions par Mr Patterson, un chercheur américain, qui me demanda d’attacher ma ceinture. J’avais complètement oublié ce détail et il dut venir m’aider car je n’y arrivais pas seule.

 

Charles était assis à côté de moi. Il s’efforçait de le cacher mais je devinais son anxiété. Il n’avais jamais vu ce genre d’appareil et il était manifestement déboussolé.

 

Le pilote alluma le moteur, un grondement sourd s’éleva dans la cabine et tout se mit à trembler. Je m’agrippai à mon siège tandis que les hélices tournaient de plus en plus vite et nous nous envolâmes bientôt.

 

L’ascension fut pénible et je dus lutter pour ne pas remettre mon déjeuner, mais une fois en hauteur, cette sensation de malaise disparu. Je regardai par la fenêtre et vit la clairière s’éloigner lentement. Je voulais profiter au maximum de cette vision car je savais que je n’aurais sûrement plus l’occasion de revenir ici.

 

La suite du voyage se passa très vite. Les chercheurs parlaient entre eux en espagnol. Charles resta silencieux et moi je rêvais...Lorsqu’on est arrivé à l’aéroport, on a enfin pu se débarbouiller et enfiler des vêtements propres.

 

Les jours suivants furent éprouvants. Nous étions en première page de tous les journaux et je n’en pouvais plus de raconter notre histoire à longueur de temps. Une histoire complètement inventée, d’ailleurs. J’avais décidé de cacher l’existence des mayas. Ils avaient échappé à l’évolution durant un millier d’années déjà, je ne voulais pas causer égoïstement leur perte en les exposant à un monde qui leur était complètement étranger.

 

Maintenant, ma vie est redevenue plus calme, je regarde vers l’avenir avec beaucoup d’impatience. Que vais-je devenir ? Je n’en sais rien. Mais ce que je sais, c’est que Charles est avec moi et que notre histoire n’est pas encore finie...

 

Commenter cet article